Adeline  a été prise en charge par l 'ONG Suissesse « Sentinelles » en Novembre-Décembre 2013 au Burkina-Faso pour une opération. Cette ONG œuvre pour l' enfance meurtrie dans le Monde.

Adeline est aujourd' hui âgée de 5 ans, et elle est atteinte d' une névrose de la lèvre supérieure, suite à la contraction du Noma, lorsqu' elle n' avait que 2 ans.
Elle est l' exemple typique d' un enfant ayant contracté le Noma.
De plus, peu après la découverte de sa maladie, Adeline est tombée des bras de l' une de ses grandes soeurs dans une marmite d' eau bouillante et a été très gravement brûlée.
Je les suis, elle et sa famille, tout au long de cette aventure difficile, lors de la mission.

Qu' est ce que le Noma ?

Ses causes sont principalement le manque d'hygiène, la malnutrition ainsi que les maladies infectieuses (qui induisent une baisse des défenses immunitaire et facilitent l'installation et le développement du Noma). Le Noma est associé à des conditions de pauvreté extrême.

Lorsque j’ ai découvert le Noma en 2012, je me suis aperçue que souvent, les associations qui oeuvrent pour aider les personnes atteintes, mettent sur leurs sites des images qui ne ménagent pas vraiment le lecteur. Des photographies souvent en couleur qui stigmatisent les blessures et qui illustrent trop rapidement l’ horreur. Cela va donc à l’ encontre de l’ objectif de sensibiliser à la cause de cette maladie encore tabou en Europe.

A savoir : le Noma existait encore en Europe jusqu' au début du XXème siècle !

Mais nos conditions d' hygiène et de vie ayant augmenté, le Noma a progressivement disparu. Des cas de Noma ont étés décelés pendant la deuxième Guerre Mondiale dans les camps de la Mort.

Aujourd' hui et chaque jour encore : plus de 400 enfants (de 0 à 6 ans) sont touchés par cette maladie qui dévore leurs visages, et les conséquences sont irrémédiables.

Le Noma a cela d’ effrayant : quelques heures après les premiers symptômes et l’ inflammation, qui gangrène de manière foudroyante et qui débute par la bouche, il est déjà trop tard ! Il détruit à la fois les tissus mous et osseux du visage.
Le Noma ne prévient pas.

Le Noma nécessite une prise en charge dès les premiers symptômes sans quoi il risque d' entraîner la mort pour 80 % des victimes.
Les 20% restantes vivent avec un visage meurtri et un traumatisme important.

Etant très sensibilisée aux problématiques sociales et humanitaires en France et à l' étranger d’ une part, et tout comme le Noma mes sujets de prédilection portant sur des causes oubliées de l’ actualité, il m’ est apparu évident de travailler sur ce projet.

Donner une visibilité à ce qu' il est difficile d’ affronter visuellement et faire connaître le Noma au plus grand nombre. Sensibiliser les populations locales pour améliorer la prévention et favoriser une prise en charge qui serait plus efficace pour les petites victimes.
Voilà quelle est mon intention.

Effacés. Les gens que je photographie le sont à plusieurs niveaux : ils sont placés au dernier rang de leur société, et bien souvent malgré eux. Comme pour la lèpre, les victimes sont souvent rejetées par leurs propres communautés, car elles sont la preuve vivante d'une malédiction pour la famille et pour le village.
Effacés aussi car la maladie dévore leur visage. Noma vient du grec numein : dévorer.
Ils sont nés pauvres et ne sont souvent pas épargnés des mauvaises conditions de vie qui en découlent.

Les associations, qui travaillent principalement en Afrique, ont besoin de soutien.

En Amérique du Sud et en Asie du Sud, où il est certain que le Noma existe, aucune association ne s' est encore créée pour aider les enfants qui meurent tous les jours dans l 'indifférence.

Mylène Zizzo